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alain de benoist - Page 47

  • Pour ou contre la souveraineté ?...

    Dans ce nouveau numéro de l'émission de TV Libertés, « Les idées à l’endroit », Alain de Benoist reçoit le politologue Guillaume Bernard, le docteur en philosophie Guilhem Golfin, auteur d’un essai intitulé Souveraineté et Désordre politique, et Aristide Leucate, docteur en droit, journaliste et essayiste. Ils évoquent ensemble la question de la souveraineté.

     

                                         

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  • Uber über alles...

    A l'occasion de la sortie du dernier numéro d'Eléments, Jean-Paul Brighelli s'entretient avec Alain de Benoist à propos de l'ubérisation de la société...

    Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017). Quant à Jean-Paul Brighelli, normalien et agrégé de Lettres, il vient de publier C'est le français qu'on assassine (Blanche, 2017).

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    Uber über alles

    La revue Eléments mérite vraiment qu’on en parle. Mieux, elle mérite d’être lue, partagée, et relue. Collectionnée peut-être. Alain de Benoist, le philosophe anarchiste, bon bougre et mauvais coucheur, qui veille sur sa destinée et y produit tous les deux mois des éditos vengeurs et des articles ravageurs (et vice versa), a bien voulu répondre à quelques questions à peine orientées, suscitées par le solide dossier du dernier numéro sur l’ubérisation à marches forcées à laquelle on soumet aujourd’hui la société française mondialisée, et qui nous prépare de jolis lendemains qui chanteront faux.

    Jean-Paul Brighelli. Voilà que vous détournez le « grand remplacement » ethnique cher à Renaud Camus par un « grand remplacement » économique : l’ubérisation de l’ensemble des sociétés libérales — française, entre autres. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette mutation ?

    Alain de Benoist. Le « grand remplacement économique », ce n’est pas tant l’ubérisation que le remplacement de l’homme par la machine, voire par l’intelligence artificielle, à laquelle conduit l’évolution même du travail, évolution dont l’ubérisation ne représente qu’un aspect.

    « On l’oublie trop souvent : le capitalisme, ce n’est pas seulement le capital, c’est également le salariat. C’est aussi le système qui repose sur la force de travail, base de la valorisation du capital, et la transformation du travail concret en travail abstrait, concomitante de la transformation de la valeur d’usage en valeur d’échange. La transsubstantiation du travail en argent, puis de l’argent en capital, produit l’autovalorisation de la valeur. Le travail au sens moderne est une catégorie capitaliste. La généralisation du salariat fut une révolution silencieuse, mais une mutation énorme. Hier on avait un métier, aujourd’hui on cherche un emploi. Le métier et l’emploi, ce n’est pas la même chose. L’avènement du marché où l’on peut vendre et acheter contre salaire de la force de travail implique à la fois la destruction des anciennes formes sociales et la séparation du travailleur d’avec les moyens de production.

    « La contradiction principale à laquelle se heurte aujourd’hui le capitalisme est directement liée à l’évolution de la productivité. Cette contradiction est la suivante. D’un côté, le capital recherche en permanence des gains de productivité lui permettant de faire face à la concurrence, ce qui entraîne des suppressions d’emploi et une diminution du temps de travail global (on produit de plus en plus de choses avec de moins en moins d’hommes). De l’autre, il pose le temps de travail comme seule source et seule mesure de la valeur. La contradiction tient au fait que les gains de productivité aboutissent à supprimer des emplois, alors que c’est justement la forme « emploi » qui a permis au travail d’être le moteur de l’expansion du capital. La contradiction entre le marché actuel du travail et la production réelle de survaleur fait que le système capitaliste est aujourd’hui menacé, non pas seulement d’une baisse tendancielle du taux de profit, mais d’une dévalorisation généralisée de la valeur.

    « Avec la révolution informatique et le développement de la robotique, la production de richesses se découple par ailleurs toujours davantage de la force de travail humaine, et pour la première fois on supprime davantage de travail qu’on ne peut en réabsorber par l’extension des marchés.

    « L’argument libéral classique est de dire que tout cela n’a rien de nouveau, que le progrès technique a toujours détruit des emplois, mais qu’il en a créé d’autres. On cite l’exemple de la révolte des canuts lyonnais contre les métiers à tisser, celui des luddites anglais ou celui des tisserands silésiens de 1844. On rappelle aussi la façon dont les emplois du secteur tertiaire ont remplacé ceux des secteurs primaire et secondaire. C’est oublier qu’aujourd’hui tous les emplois ne sont pas substituables, et qu’ils le sont même de moins en moins compte tenu de l’importance prise par les connaissances et de l’inégale distribution des capacités cognitives. Si dans le passé un paysan a pu se reconvertir en ouvrier sans grand problème, un ouvrier du bâtiment aura beaucoup plus de mal à se reconvertir en programmateur informatique. C’est pourquoi la robotique détruit aujourd’hui plus d’emplois qu’elle n’en crée.

    « Mais c’est oublier surtout que nous sommes en train de sortir de l’époque où les machines faisaient les choses aussi bien que l’homme pour entrer dans celle où les machines font beaucoup mieux. Cela change tout, car cela signifie que les machines peuvent désormais entrer en compétition avec des fonctions qui ne sont plus seulement manuelles ou répétitives, ce qui pose le problème de la décision : la machine est mieux placée pour décider puisqu’elle peut traiter mieux qu’un humain les informations dont elle dispose. C’est ce qu’avaient déjà biens vu Hannah Arendt et Günther Anders. Voilà pour le « grand remplacement » !

    JPB. Vous reprenez le terme de « précariat », introduit en économie alternative par des alter-mondialistes et des anarchistes (italiens à l’origine) à la fin des années 1970 — quelques années à peine après le départ de la crise structurelle dont se nourrit depuis cette époque le libéralisme. En quoi consiste-t-il ?

    AdB. La précarité, aujourd’hui, tout le monde la constate autour de soi. Face à la montée d’un chômage devenu structurel (et non plus seulement conjoncturel), la tendance actuelle, parallèlement au remplacement des activités productives par des emplois inutiles, qui sont en dernière analyse des emplois de contrôle, destinés à désamorcer les velléités de révolte sociale, est de chercher à diminuer le chômage en augmentant la précarité. C’est la mise en application du principe libéral : « Mieux vaut un mauvais travail que pas de travail du tout ». D’où l’idée de « flexi-sécurité », qu’il faut comprendre ainsi : la flexibilité c’est pour tout de suite, pour la sécurité on verra plus tard. Le refrain mille fois répété par le Medef est bien connu : plus on pourra licencier facilement, moins on hésitera à embaucher. Mais comment expliquer alors que la précarité ait constamment progressé en même temps que le chômage ?

    « C’est cette montée de la précarité qui a abouti en Angleterre à la multiplication des « travailleurs pauvres » (working poors) et aux contrats « à zéro heure » (on en compte aujourd’hui plus de 1, 4 million), et en Allemagne, depuis les réformes Harz, aux « minijobs » (450 euros sans cotisations et sans couverture sociale) qui, en 2013, concernaient 7 millions de travailleurs, soit près de 20% de la population allemande active, parmi lesquels un grand nombre de retraités.

    « Mais la précarisation, c’est aussi de façon beaucoup plus générale la destruction de tout ce qui dans le passé était solide et durable, et se trouve aujourd’hui remplacé par de l’éphémère et du transitoire. Dans ce que Zygmunt Bauman a très justement appelé la société liquide, tout est à la fois liquéfié et liquidé. Que ce soit dans le domaine professionnel, sentimental, sexuel, éducatif, politique, social ou autre, nous vivons à l’ère du zapping : on « zappe » d’un partenaire à l’autre, d’un métier à l’autre, d’un parti politique à l’autre, comme on « zappe » d’une chaîne de télévision à une autre. Et dans tous les cas, le changement n’aboutit qu’à donner le spectacle du même. On est toujours déçu parce que, sous diverses guises, c’est toujours le même chose qui se donne à voir. L’idéologie du progrès joue évidemment son rôle : avant, par définition, c’était moins bien. Le politiquement correct (qu’il vaudrait mieux appeler l’idéologiquement conforme) joue le sien : en transformant les mots, la « novlangue » transforme les pensées. L’individualisme ambiant fait le reste.

    JPB. Un chauffeur de taxi « ubérisé » gagne fort mal sa vie, en moyenne. Serait-ce là l’un de ces « bullshit jobs » nommés pour la première fois par David Graeber pour désigner des « boulots à la con » dans la sphère administrative (privée ou publique) et désormais étendus à l’ensemble de la sphère économique ? À une époque où les employés des grandes surfaces ne sont plus jamais embauchés à temps plein, afin de les tenir en laisse en les faisant vivre avec 800 euros par mois, où un prof débutant touche après 5 à 6 ans d’études 1400 euros par mois, en quoi la précarité concertée est-elle la solution la plus adaptée trouvée par le néo-libéralisme contemporain ?

    AdB. Les promesses du « travail indépendant » (l’« ubérisation » de la société) sont de leur côté trompeuses, car la précarité y est la règle plus encore que dans le salariat. Dans le monde post-industriel, qui privilégie les connaissances plus que les machines, chacun se voit convié à « devenir sa propre entreprise » (à être « entrepreneur de soi-même ») pour valoriser ses « actifs incorporels », quitte pour les anciens salariés à devenir des travailleurs multitâches, courant d’une activité à l’autre, cherchant de nouveaux clients tout en s’improvisant juristes ou comptables. L’ubérisation n’est alors qu’un nouveau nom de la parcellisation et de l’atomisation du travail. La précarité devient la règle, car les résultats recherchés se situent sur un horizon de temps de plus en plus court. Plus que jamais, on perd sa vie en tentant de la gagner.
    « Sous couvert de « flexibilité » on recherche des hommes taillables et corvéables à merci, qui doivent sans cesse s’adapter aux exigences d’une économie dont on estime qu’ils doivent être les serviteurs, sinon les esclaves. La généralisation de la précarité, c’est l’avènement de l’homme substituable, interchangeable, flexible, mobile, jetable. C’est l’entière réduction de la personne à sa force de travail, c’est-à-dire à cette part de lui-même qui peut être traitée comme une marchandise. C’est la soumission à l’impératif de rendement, la vente de soi s’étendant à tous les aspects de l’existence.

    JPB. Sur l’ensemble du dossier présenté par votre revue, je vous trouve terriblement marxiste — « le facteur économique est bien déterminant en dernière instance ». Peut-on cependant tisser un lien entre la réalité économique à laquelle on est en train de convertir l’ensemble de l’économie mondialisée, et l’homo festivus inventé par Philippe Muray ? Ou si vous préférez, dans quelle mesure l’ubérisation tous azimuts se conforte-t-elle de la société du spectacle — et vice versa ?

    AdB. Pas du tout marxiste, mais marxien pourquoi pas ! Deux cents ans après sa naissance, il serait peut-être temps de lire Marx en étant capable de faire le tri entre les nombreuses facettes de sa pensée – en oubliant les « marxismes » et les « antimarxismes » qui n’ont fait qu’accumuler les contresens sur son œuvre. La philosophie de l’histoire de Marx est assez faible, mais il n’y a pas besoin d’être marxiste pour constater, avec lui, que notre époque est tout entière plongée dans les « eaux glacées du calcul égoïste ». Marx est à la fois l’héritier d’Aristote et celui de Hegel. Il a tort de ramener toute l’histoire humaine aux lutte de classes, mais il décrit à merveille celles de son temps. Ce qu’il écrit sur le fétichisme de la marchandise, sur la « réification » des rapports sociaux, sur l’essence de la logique du Capital (sa propension à l’illimitation, au « toujours plus », qui n’est pas sans évoquer le Gestell heideggérien), sur la théorie de la valeur, va très au-delà de ce qu’on a généralement retenu chez lui.

    « L’homo festivus dont parlait le cher Philippe Muray est en effet comme un poisson dans l’eau dans l’économie libérale aujourd’hui déployée à l’échelle mondiale. L’homo festivus ne cherche pas seulement à faire la fête tout en aspirant à se vider le crâne (il ne faut pas se prendre la tête !) grâce aux mille formes de distraction contemporaine, au sens pascalien du terme. Il est aussi celui qui a remplacé le désir de révolution par la révolution du désir, et qui pense que les pouvoirs publics doivent faire droit, y compris institutionnellement, à toute forme de désir, car c’est en manifestant ses désirs, quels qu’ils soient, que l’homme manifeste pleinement sa nature.

    « Cela s’accorde parfaitement à l’idéologie libérale, qui conçoit l’homme comme un être présocial, cherchant à maximiser en permanence son seul intérêt personnel et privé. Comme l’a si bien montré Jean-Claude Michéa, c’est parce que le libéralisme économique et le libéralisme « sociétal » (ou libertaire) sont issus du même socle anthropologique qu’ils ne peuvent à un moment donné que se rejoindre. La société du spectacle, où le vrai n’est plus qu’un moment du faux et où l’être s’efface totalement derrière le paraître, est le cadre idéal de cette rencontre. C’est la société de l’aliénation volontaire, qui croit que les rapports sociaux peuvent être régulés seulement par le contrat juridique et l’échange marchand, mais qui ne débouche que sur la guerre de tous contre tous, c’est-à-dire sur le chaos.

    JPB. Vous notez qu’Emmanuel Macron est le chantre de cette ubérisation généralisée. Mais comment diable l’a-t-on élu ? Par un malentendu ? Grâce à l’écran de fumée médiatique ? Par un désir profond d’en arriver à un salaire universel garanti (le seul candidat qui le proposait était Benoît Hamon : un hasard ?) qui permettrait de vivoter dans la précarité sans plus poser de problème à un capitalisme financiarisé qui pourrait alors s’épanouir ? Mais alors, qui achètera les merveilleux produits fabriqués demain par les quelques travailleurs encore en exercice et une noria de machines « intelligentes » ? Bref, l’ubérisation serait-elle le premier pas vers la fin du libéralisme — l’ultime contradiction interne du système ?

    AdB. Dans une démocratie devenue elle aussi liquide, Macron a su instrumentaliser à son profit l’épuisement du clivage droite-gauche et l’aspiration au « dégagisme » d’un électorat qui ne supportait plus la vieille classe politique. Il a également compris que l’alternance des deux anciens grands partis de gouvernement ne mettait plus en présence que des différences cosmétiques, et que l’heure était venue de les réunir en un seul. C’est ce qui lui a permis de l’emporter avec au premier tour moins d’un quart des suffrages exprimés.

    « Macron est avant tout un contre-populiste au tempérament autoritaire et à l’ego hypertrophié. Il reprend à son compte le clivage « conservateurs » contre « progressistes », mais c’est pour choisir la seconde branche de l’alternative : réunir les partisans de l’« ouverture » (en clair : les élites libérales de tous bords) contre les tenants de la « fermeture » (en clair : ceux qui s’opposent, instinctivement ou intellectuellement, à l’idéologie dominante). Contre ceux « d’en bas », il est le représentant de la Caste « d’en haut ». On voit bien aujourd’hui qu’il ne supporte pas qu’on lui résiste, qu’il n’aime pas les corps intermédiaires, qu’il est insensible aux aspirations populaires, qu’il n’a rien à dire à la France qui va mal. A un moment où les classes moyennes, menacées de déclassement et de paupérisation, sont en train de rejoindre les classes populaires, il démontre ainsi son intention de construire une « start up nation », en parfaite conformité avec une religion économique qui exige l’absorption du politique par la gouvernance. Cela augure plutôt mal de l’avenir. »

    Alain de Benoist et Jean-Paul Brighelli (Bonnet d'âne, 9 octobre 2017)

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  • Macron, le contre-populiste...

    Nous reproduisons ci-dessous entretien avec Alain de Benoist, cueilli sur Boulevard Voltaire, dans lequel il évoque la notion de post-vérité... Philosophe et essayiste, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

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    Alain de Benoist : « L’impopularité de Macron ne peut que croître, et le réservoir protestataire devenir explosif »

    Il est évidemment un peu tôt pour juger l’action d’Emmanuel Macron. Il semble pourtant déployer un peu plus d’habileté politique que ses deux prédécesseurs. Mais est-ce vraiment un exploit ?

    J’avais inventé, il y a quelques années, l’expression de « pensée unique », qui est aujourd’hui reprise partout. Ayant écrit, dès 1977, qu’il fallait penser simultanément ce qu’on avait pensé jusque-là contradictoirement, ce n’est pas moi qui pourrais être choqué par le « en même temps » cher à Macron. Mais encore faut-il savoir ce que recouvre cette expression.

    Au lendemain de primaires qui se sont révélées désastreuses à droite comme à gauche, mais qui ont très bien fonctionné comme révélateur de la crise des partis, Macron a été le seul à faire primer la logique électorale sur la logique « identitaire » parce qu’il était le seul à n’être sûr ni de perdre (comme Hamon) ni de gagner (comme Fillon). C’est ce qui lui a permis de l’emporter avec, au premier tour, moins d’un quart des suffrages exprimés. Dans une démocratie devenue liquide, sinon gazeuse, il a su instrumentaliser à son profit l’épuisement du clivage droite-gauche et l’aspiration au « dégagisme » d’un électorat qui ne supportait plus la vieille classe politique. Il a également compris que l’alternance des deux grands partis ne mettait plus en scène que des différences cosmétiques, et que l’heure était venue de les réunir en un seul.

    Macron est avant tout un contre-populiste. Il reprend à son compte le nouveau clivage « conservateurs » contre « progressistes », mais c’est pour choisir la seconde branche de l’alternative : réunir les partisans de l’« ouverture » (en clair : les bourgeoisies libérales de tous bords) contre les tenants de la « fermeture » (en clair : ceux qui s’opposent, instinctivement ou intellectuellement, à l’idéologie dominante).

    Contrairement à l’hyper-Président Sarkozy et à l’hypo-Président François Hollande, Macron est un homme difficile à cerner. Il a un ego hypertrophié et un tempérament autoritaire, un mental d’adolescent cynique qui rêverait d’un bonapartisme moderniste et libéral. Mais il n’est pas Napoléon, et l’on ignore comment il se comporterait en situation d’urgence. Pour l’instant, il communique plus qu’il ne règne. Il fait des déclarations contradictoires (certaines ne sont pas mauvaises) dans l’espoir de séduire chacun, mais en prenant le risque de décevoir tout le monde. Il ne supporte pas qu’on lui résiste, il n’aime pas les corps intermédiaires, il est insensible aux aspirations populaires, il n’a rien à dire à la France qui va mal. Tout cela n’est pas de bon augure.

    Pour quelles raisons, exactement ?

    Parce que nous assistons à une autre révolution, sociologique celle-là : c’est la disparition progressive de ces classes moyennes qui n’avaient cessé de grossir à l’époque du compromis fordiste, quand la richesse accumulée en haut de la pyramide sociale finissait par redescendre vers le bas. Aujourd’hui, la pyramide a été remplacée par un sablier : les riches sont toujours plus riches, les pauvres toujours plus pauvres, et les classes moyennes sont en voie de déclassement et de paupérisation. C’est ce qu’observe depuis longtemps Christophe Guilluy : « Le grand sujet caché depuis trente ans, c’est la disparition de la classe moyenne au sens large […] Ce qui explose, c’est la classe moyenne occidentale qui n’est plus intégrée au modèle économique mondialisé […] La loi Travail n’est que la suite d’une longue succession de mesures qui ne visent qu’à dépouiller une classe moyenne qui ne sert plus à rien. »

     

    La nouvelle structuration de l’électorat est le reflet de cette dynamique économique et sociale. Le vote Macron en est l’illustration parfaite : il a obtenu ses meilleurs résultats dans les grandes villes mondialisées, à commencer par Paris, où il a aussi bien gagné les suffrages des bobos et des libéraux de gauche que de la bourgeoisie de droite (y compris celle de la Manif pour tous). De même, les électeurs parisiens de Mélenchon se sont en quasi-totalité rabattus sur Macron au second tour, alors qu’ailleurs beaucoup ont préféré s’abstenir (39 %) ou, plus rarement, voter pour Marine Le Pen (14 %). Les retraités, eux aussi, ont massivement voté pour lui – avant de découvrir qu’ils étaient les grands perdants de sa nouvelle politique fiscale…

    Après les ouvriers, les employés et les commerçants, les professions intermédiaires et bientôt les retraités : les classes moyennes sont appelées à rejoindre les classes populaires face à un « monde d’en haut » qui se trouve de plus en plus dans une position de domination de classe, car il a définitivement renoncé à prendre en charge « ceux d’en bas ». C’est aussi pourquoi l’impopularité de Macron ne peut que croître, et le réservoir protestataire devenir explosif. D’autant qu’en période d’insécurité et d’attentats, tout le monde se radicalise.

    L’avenir de La France insoumise ?

    Avec 19,6 % des voix au premier tour, Jean-Luc Mélenchon a réalisé le meilleur score d’un candidat « de gauche » à la présidentielle depuis Georges Marchais en 1981. Par rapport au FN, La France insoumise est beaucoup plus interclassiste et moins populaire. Elle touche bien moins d’ouvriers et d’employés que le Front national (25 et 24 % des voix contre 39 et 30 %), mais beaucoup plus de diplômés des couches moyennes et supérieures (26 % contre 17 %). Elle est aujourd’hui passée en tête chez les jeunes, et réalise des scores deux fois supérieurs à sa moyenne nationale dans la population d’origine immigrée.

    La France insoumise a certainement de l’avenir. Pour l’heure, elle tire un grand bénéfice d’être une force nouvelle. Elle a vampirisé le PS et traite par le mépris les derniers restes du PC. Elle profite de la crise du FN pour se poser comme la seule force d’opposition au macronisme. La grande question, à moyen terme, est de savoir si elle pourra à elle seule occuper l’espace ouvert à gauche par la formation du bloc macronien. Difficile d’en dire plus pour l’instant.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Nicolas Gauthier (Boulevard Voltaire, 6 octobre 2017)

     

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  • Catalogne, Front National, Corée... L'actualité vue par Alain de Benoist !

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist à Breizh info et consacré à un tour d'horizon de l'actualité du moment, à commencer par le référendum sur l'indépendance de la Catalogne... Philosophe et essayiste, éditorialiste du magazine Éléments, Alain de Benoist dirige les revues Nouvelle Ecole et Krisis et anime l'émission Les idées à l'endroit sur TV Libertés. Il a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017) ainsi qu'un recueil d'articles intitulé Ce que penser veut dire (Rocher, 2017) et une étude sur L'écriture runique et les origines de l'écriture (Yoran, 2017).

     

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    Catalogne. Alain de Benoist : « Et si l’on laissait les Catalans décider par eux-mêmes ? »

    Breizh-info.com : Quel est votre point de vue sur le référendum en Catalogne ? Le pouvoir espagnol n’a-t-il pas fait une énorme erreur en refusant l’organisation d’une consultation qui aurait pu tourner en sa faveur s’il n’y avait pas eu ces violences et cette répression ?

    Alain de Benoist : Concernant ce qui se passe actuellement en Catalogne, je vois mes amis attachés à une unité « indivisible » des grandes nations historiques s’opposer à mes amis favorables à l’Europe des régions, les uns et les autres réagissant de façon passionnée. « Jacobinisme » contre « balkanisation » ! Du même coup resurgissent les arguments classiques et les questions habituelles : Les Catalans ont-ils le droit d’être indépendants ? Est-il même de leur intérêt de le devenir ? En ont-ils les moyens ? Pourquoi ne se contentent-ils pas d’une autonomie dont ils ont joui au moins jusqu’en 2010 (et dont les peuples minoritaires de France peuvent seulement rêver) ? Les « sécessionnistes » sont-ils des « patriotes », les « terroristes » des « résistants » ? La crise va-t-elle dégénérer en guerre civile ? Chacun a ses raisons, et ce sont en général de bonnes raisons. Le problème, c’est que ces raisons sont inconciliables.

    Je crois, pour commencer, qu’il faudrait sortir un peu de la véhémence et s’obliger à la réflexion.

    La réflexion pourrait porter sur l’évolution actuelle de l’État-nation, dont on sait bien qu’il est en crise au moins depuis les années 1930. Quelles sont les raisons de cette crise ? Elle pourrait aussi concerner des cas qu’on met souvent en parallèle, alors que le parallèle ne va pas toujours très loin : le « Québec libre » et l’indépendance du Kosovo, le référendum catalan et le référendum pour la création d’un État kurde, le cas de la Padanie, le sort des Bretons, des Corses, des Flamands, des Basques, des Écossais et des Gallois, des Kabyles et des habitants des îles Feroë, des Tibétains et des Inuits, pour ne rien dire des minorités d’Europe centrale et orientale.

    On pourrait encore évoquer la guerre de Sécession, la dislocation de la Yougoslavie, le vote qui a permis à la Crimée de réintégrer la Russie, et aussi les conditions dans lesquelles les départements français d’Algérie ont cessé de l’être. Tous ces cas ont quelque chose de commun, mais on voit bien aussi qu’ils sont tous différents.

    On pourrait enfin s’interroger sur le sens que peut encore avoir le mot d’« indépendance » à l’époque de la globalisation. Un « grand » pays comme la France a déjà perdu son indépendance dans bien des domaines. Comment un « petit » État pourrait-il s’en sortir mieux ?

    Personnellement, je suis par ailleurs assez gêné par la dimension économique sous-jacente à certaines formes d’indépendantisme : les régions riches veulent souvent faire sécession parce qu’elles se refusent à continuer d’« assister » les régions pauvres (de la Sicile à l’Andalousie). N’oublions pas que la Catalogne représente à elle seule 20 % du PIB espagnol. Il y a là un réflexe égoïste que je condamne totalement, car il est foncièrement impolitique.

    Cela étant dit, il est clair qu’il existe une identité catalane spécifique et qu’un nombre très important de Catalans, sans doute une majorité, aspirent aujourd’hui à l’indépendance. Il est tout aussi évident que l’indépendantisme catalan sort pour l’instant renforcé de l’épreuve de force, tandis qu’en en faisant trop ou trop peu le triste Mariano Rajoy, à qui Emmanuel Macron a cru bon d’apporter son soutien, sort discrédité d’une crise dans laquelle il n’a fait la preuve que de sa maladresse, de son indécision et de sa médiocrité. Le 1er octobre, le quotidien El País disait ironiquement que Rajoy mériterait de recevoir la Croix de Saint Jordi (la plus haute décoration catalane), car nul n’a plus fait que lui pour convertir les Catalans à l’indépendantisme…

    Rejeter les résultats du référendum au motif qu’il était « illégal » est une grave erreur. Dans ce genre d’affaires, ce n’est pas la légalité qui compte, mais la légitimité (celle-ci pouvant évidemment s’apprécier de divers points de vue). Les Sudistes s’étaient fort peu soucié de légalité quand ils décidèrent de faire sécession de l’Union, et les héros irlandais de Pâques 1916 n’ont pas eu besoin non plus d’autorisation légale pour prendre les armes. Mais on pourrait dire la même chose de l’immense majorité des grands événements qui dans le passé ont décidé du sort des peuples. Dans le cas de la « situation d’exception », au sens schmittien du terme, la légalité n’indique strictement rien.

    La légitimité est liée à la souveraineté populaire qui, lorsqu’elle s’en distingue, prime à mon avis sur la souveraineté nationale. C’est le peuple, en tant que force constituante, qui est la source de la légitimité. Or, il y a un peuple catalan, tout comme il y a un peuple écossais, un peuple québécois, un peuple corse, un peuple breton, etc. Pendant des siècles, ce peuple s’est trouvé associé à l’histoire de la nation espagnole, soit qu’il y ait consenti, soit qu’on l’y ait forcé. Aujourd’hui, apparemment, il veut mettre un terme à cette association. Qu’on s’en félicite ou qu’on s’en indigne, cela ne change rien à l’affaire. Il faut en prendre acte. Les orientations actuelles du gouvernement catalan, qui sont à mon avis détestables à bien des égards, n’y changent rien non plus.

    Le peuple, à la fois en tant qu’ethnos et en tant que démos, en tant que peuple « en soi » et que peuple « pour soi », en tant que peuple hérité ou que peuple à construire (mais comme les individus, un peuple ne se construit jamais à partir de rien), doit en démocratie être considéré comme souverain. Il doit être libre de décider le plus possible par lui-même et pour lui-même. Dire qu’un peuple n’a pas le droit de décider de sa patrie est une contradiction dans les termes : c’est même la première chose sur laquelle il doit pouvoir décider. On ne maintient pas de force au sein d’un pays dans lequel, à tort ou à raison, il ne se reconnaît plus, un peuple qui veut s’instaurer en État.

    Pour répondre à votre question, je ne suis ni hostile ni favorable à l’indépendance de la Catalogne. Je pense que c’est aux Catalans d’en décider.

    Breizh-info.com : Parlons un peu de la situation française. Qu’avez-vous pensé du discours « tout neuf » de Marine Le Pen à Poitiers dans lequel elle cite notamment Homère et Charlemagne ? Ce changement de cap n’est-il pas surprenant ?

    Alain de Benoist : Prenons d’abord un peu de recul. Nous avons assisté cette année à un séisme qui a entraîné une décomposition totale du paysage politique. Le fait essentiel, à mon avis, est que pour la première fois dans l’histoire de la Ve République, les finalistes du second tour de la présidentielle ne se reconnaissaient ni l’un ni l’autre dans le clivage gauche-droite. Les deux partis qui étaient les vecteurs majeurs de ce clivage, ont pris une raclée historique : le PS est à l’agonie, les Républicains sont en ruines (vous aurez aussi remarqué qu’il y a un mot qui ne sort plus de la bouche de Jean-Luc Mélenchon : c’est le mot « gauche »). On assiste ainsi à l’accélération du processus que j’avais anticipé dans mon livre intitulé Le moment populiste. Droite/gauche, c’est fini ! (Pierre-Guillaume de Roux, 2017). Un système politique s’est effacé, un autre système est à naître. La recomposition va prendre plusieurs années.

    Le FN n’échappera pas à cette recomposition. En se séparant de Florian Philippot, qui cristallisait sur son nom toutes sortes de critiques (portant sur son caractère peut-être plus encore que sur ses idées), Marine Le Pen a perdu à la fois son bras droit et son paratonnerre. J’étais pour ma part totalement hostile au jacobinisme, au laïcisme et à l’hostilité de principe à l’Europe de Philippot. J’approuvais en revanche son positionnement politique, et si j’avais eu un reproche à lui faire dans le domaine économique et social, ç’aurait plutôt été de le trouver beaucoup trop timide en matière de lutte contre le capitalisme !

    On ne change pas de cap en citant des noms de célébrités et, malgré leurs immenses mérites, ni Homère ni Charlemagne ne vont nous dire quel système social et politique il faut instaurer ! Pour le dire autrement, je ne crois guère à une modification en profondeur de la « ligne » du Front national.

    On assistera surtout à des inflexions cosmétiques (on parlera moins de l’euro et plus de l’immigration). Cela dit, le vrai problème du Front national ne tient sans doute pas à une question de personnes ni à une question de programme. Il tient plutôt au fait qu’il apparaît déjà lui aussi comme un « parti d’avant », un parti d’avant la grande transformation en cours. C’est pourquoi je ne suis guère optimiste sur son avenir.

    On a tort de raisonner en termes d’appareils politiques à un moment où tout montre que les appareils politiques ne séduisent plus personne. On aurait plutôt besoin d’une clarification doctrinale, mais personne ne semble avoir le désir ni surtout les capacités de l’engager. Ceux qui à droite critiquent Macron, par exemple, ne se cachent pas d’approuver son abominable loi Travail : c’est celle qu’ils auraient aimé voir mise en œuvre par François Fillon. Les médias disent en ce moment que la preuve que la politique fiscale de Macron est de droite, c’est qu’elle « favorise les plus riches ». Si la droite voulait exister, c’est cette équivalence qu’il faudrait commencer par briser. Tant que la droite, ce sera la soupe servie aux riches et aux puissants, ce sera sans moi !

    Breizh-info.com : Que vous inspirent les échanges de plus en plus fermes entre la Corée du Nord et les États-Unis ? Quelles sont selon vous les réelles raisons de cette escalade ?

    Alain de Benoist : L’escalade en question s’est surtout traduite, jusqu’à présent, par des déclarations incandescentes, des mouvements de troupes, des gesticulations, des rodomontades et des insultes. On oublie du même coup qu’en cherchant à se doter d’un armement nucléaire, la Corée du Nord – pays pour lequel je n’ai bien entendu aucune sympathie particulière – ne fait jamais rien d’autre que ce que les États-Unis, la Russie, la France, Israël et bien d’autres pays ont fait avant elle. Pourquoi seuls certains pays en auraient-ils le droit ?

    Ceux qui parlent des « menaces nord-coréennes » (mais jamais des menaces étatsuniennes) oublient aussi que l’arme atomique est avant tout une arme de dissuasion. Pour Kim Jong-un, une telle arme n’est rien d’autre qu’une façon de se prémunir contre une intervention extérieure dirigée contre lui. On comprend que cela gêne ceux qui aimeraient l’éliminer, comme ils ont éliminé Saddam Hussein ou Kadhafi. Un pays doté d’un armement nucléaire n’attaquera jamais un pays qui en possède lui-même, car il sait que son offensive serait immédiatement suivie d’une riposte qui le vitrifierait à son tour. Dans chaque région du monde, ce n’est en fait pas tant la prolifération nucléaire qui est dangereuse, mais le monopole. C’est pourquoi la meilleure manière de rendre inoffensive l’arme nucléaire nord-coréenne serait sans doute d’aider la Corée du Sud et le Japon à l’acquérir aussi !

    Trump et Kim Jong-un sont peut-être cinglés, mais ils ne sont pas fous (du moins on l’espère). Pour rester dans le style bouffon, on pourrait leur suggérer de faire s’affronter leurs coiffeurs respectifs !

    Breizh-info.com : En ce mois d’octobre, quels sont les livres qui, depuis la rentrée littéraire et politique de septembre, vous ont tapé dans l’œil ?

    Alain de Benoist : D’une façon générale, je n’aime pas trop le tape-à-l’œil ! Je conseille la réédition, chez Pierre-Guillaume de Roux, du Romantisme fasciste de Paul Sérant, enrichie d’une excellente préface d’Olivier Dard, et du Terre et Mer de Carl Schmitt, que j’ai préfacé moi-même.

    Sur le plan littéraire, Le cénotaphe de Newton, de Dominique Pagnier (Gallimard), et L’homme surnuméraire, de Patrice Jean (Rue Fromentin), sont deux romans superbes. Pour le reste, à part les polars, je ne lis en ce moment que des traités de théologie sur le péché originel, pour un travail en cours.

    Alain de Benoist, propos recueillis par Yann Vallerie (Breizh info, 7 octobre 2017)

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  • Romantisme fasciste...

    Les éditions Pierre-Guillaume de Roux viennent de rééditer un ouvrage de Paul Sérant intitulé Le romantisme fasciste avec une préface d'Olivier Dard. Journaliste et intellectuel de droite non-conformiste, mort en 2002, Paul Sérant a publié de nombreux essais, dont Les dissidents de l'Action française (Pierre-Guillaume de Roux, 2016).

     

    Sérant_Le romantisme fasciste.jpg

    « Ce livre n’est pas une étude sur le fascisme en général, ni une étude sur les mouvements politiques français qui s’inspirèrent de Mussolini ou de Hitler. C’est une étude sur la pensée politique de six écrivains français, très différents par leurs personnalités comme par leurs œuvres, mais qui, dès avant la guerre, se rejoignirent par leurs réactions devant les événements français et internationaux : Alphonse de Châteaubriant, Abel Bonnard, Louis-Ferdinand Céline, Pierre Drieu la Rochelle, Robert Brasillach et Lucien Rebatet. [...] On verra pourtant qu’ils se caractérisent, dans des registres divers, par le lyrisme, et que leur attitude politique se confond en grande partie avec la recherche d’un nouveau style de vie collective, d’une poétisation de l’ordre politique et social. […] Le commentaire des textes choisis est réduit au minimum nécessaire pour la compréhension du lecteur et ce n’est qu’au terme du livre qu’on trouvera mes réflexions personnelles sur les sujets évoqués auparavant. »

    Paru en 1959, le livre eut alors un indéniable retentissement et continua longtemps d’être cité ici ou là dans les synthèses sur le fascisme. Pourtant, une fois épuisé, il ne fut pas réédité. Alors même que se multipliaient les publications concernant les écrivains et les sujets ici étudiés. Or leur abondance n’enlève rien à l’acuité du regard qu’a posé sur eux Paul Sérant. Lire aujourd’hui Le Romantisme fasciste garde tout son intérêt. Magistralement préfacé par Olivier Dard, enrichi en annexe par l’« Introduction à la littérature “fasciste” » de Jean Turlais et complété par une bibliographie de Paul Sérant signée Alain de Benoist, il est mis à la disposition du public contemporain avec tous ses atouts.

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  • L'autre Grand Remplacement...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°168, octobre - novembre 2017) est disponible en kiosque.

    A côté du dossier consacré à la précarisation généralisée du travail, on retrouvera l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, dont un dézingage en règle de l'Histoire mondiale de la France de l'ineffable Patrick Boucheron par François Bousquet,  et des chroniques sous les plumes talentueuses d'Hervé Juvin, d'Olivier François, de Ludovic Maubreuil, de Laurent Schang ou de Christophe A. Maxime...

    Bonne lecture !

    Vous pouvez commander ce numéro ou vous abonner sur le site de la revue : http://www.revue-elements.com.

     

    Eléments 168.jpg

    Au sommaire :

    Éditorial           

    Déconstruction

    Forum-agenda

    L’entretien

    Lucien Jerphagnon, mon maître, par Jean-François Gautier           

    Cartouches

    Le regard d’Olivier François : Jean-Jacques Langendorf

    Une fin du monde sans importance, par Xavier Eman

    Le carnet géopolitique d’Hervé Juvin

    Cinéma : Le mystère Clouzot

    Champs de bataille : Vous avez dit Sadowa ?

    Musique : La musique de Franco Battiato

    Sciences

    Le combat des idées

    Histoire mondiale de la France

    Le fléau de la solitude

    Washington contre de Gaulle

    La France sous la coupe des « ultratlantistes »

    Faut-il jeter l’Union européenne à la poubelle ?

    Sur terre ou sur mer avec Carl Schmitt

    Nos cinq coups de cœur de la rentrée littéraire

    La musique sur grand écran de Bertrand Burgalat

    Bertrand Burgalat, dandy électrochic

    Chevaucher le tigre avec Fritz Lang

    Le monde magique de Ladislas Starewitch

    Voyage dans le Grand Londres avec Iain Sinclair

    Jack London, écrivain populiste

    Dossier

    En marche vers l’ubérisation : l’autre Grand Remplacement

    Merci patron ! Tous précaires

    Produire ou consommer, par Pierre-Yves Gomez

    Le travail à l’heure des « hommes en trop »

    Les jobs à la con

    Robots, les travailleurs du futur ?

    La révolution managériale

     

    Panorama

    L’œil de Slobodan Despot

    Série télé : The 100, dernier arrêt avant l’Apocalypse

    Philosophie : Peut-on vouloir être immortel ?

    L’esprit des lieux : Trieste avec Paul Morand

    C’était dans Éléments : Vers un revenu de citoyenneté

    Éphémérides

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